Mesdames, Messieurs, mes hommages !
Hossegor. Août 1995. Plage des « culs-nus ».
J’imagine d’ici votre œil frétiller à la lecture de ces derniers mots et je vous comprends ; à votre place, mon esprit se mettrait facilement à galoper aussi.
Sauf que là, présentement, à cette date, on n’était pas là pour présenter notre joufflu dénudé au Dieu Soleil.
Non ! Mes potes et moi étions là pour voir Rob Machado battre Jeff Booth (lui-même tombeur de l’inoxydable Kelly Slater) dans ce qui était à l’époque la finale du feu Rip Curl Pro. (rien que cette pensée me colle un coup de vieux)
On cause surf et dans la liste des images d’Epinal de ce sport mystique se trouve en bonne place le fameux Combi van Volkswagen. Autant vous dire qu’il y en avait une bonne fournée sur place.
C’est donc là mon tout premier contact avec le bus allemand flanqué du sigle VW. Coup de foudre !
En 1995, j’ai 19 ans et…pas le permis de conduire. (Je sais, c’est choquant, surtout vivant à la campagne. Notez que je prends mon temps pour beaucoup de choses, on y reviendra).
Qu’à cela ne tienne, je garde l’envie d’un Combi pour plus tard, dans l’immédiat ça s’appellera donc un rêve.
Le nombre de fois où on s’exclame « ah ouais, je rêve de… » et où il ne se passe rien !?!?!
Dans mon cas, au sujet du « ah ouais, je rêve d’avoir un Combi van », il ne s’est donc rien passé pendant 21 ans.
La faute à plein de bonnes excuses comme souvent et puis un jour, la barre des 40 ans est franchie.
Et là, bah c’est la crise de la quarantaine mais alors une belle et bonne crise de la quarantaine bien assumée hein !
Fort de ce cliché merveilleux qui consiste à dire que la vie étant trop courte et qu’il faut donc se rapprocher au mieux de ses envies, je me remets à penser au Combi. Je tombe sur un site : vw-camper. Un site très sympa au demeurant, je vous le conseille.
On est en février 2016.
Je passe plus de deux longues années à venir épisodiquement sur le site pour « humer l’air (cooled) ». (je remercie au passage les admin qui autorisent l’accès aux non-inscrits)
Bref, je vous avais dit que je prenais mon temps, j’ai pas menti. Juste le temps de voir les prix bien flamber. Suffisamment pour me donner de nouveau une bonne excuse pour ne rien faire.
En fait, à mesure que je consultais les kilomètres de pages de forum et d’annonces sur le sujet, j’en suis arrivé à la conclusion que la spéculation faisant, le risque de tomber sur un engin « choucrouté » était devenu trop grand.
Non parce que, pour être totalement clair et transparent, acheter un véhicule neuf, rien de plus simple. En revanche acheter une « vieille », de surcroît quand on a, comme moi, une connaissance de l’automobile qui n’a rien d’encyclopédique, on a vite fait de faire figure de pigeon de l’année.
Et croyez-moi, j’ai une vraie bonne tête de pigeon.
Et puis à mesure que je consultais les kilomètres de pages de forum et d’annonces sur le sujet, j’en suis arrivé également à la conclusion que rouler en ancienne, c’est se confronter aux emmerdes mécaniques en tout genre. Et en plus d’avoir une tête de pigeon, j’ai deux mains gauches, c’est ballot !
A force de me chercher de nouveau des excuses, j’ai fini par me saouler moi-même. (Mais si, tu sais, ce moment où t’as envie de te mettre une patate dans la tronche)
Bref, j’ai fini par me jeter dans le vide. Pour moi ça s’apparente vraiment à un « voyage dans l’inconnu ».
Pour m’éviter au mieux un début de « voyage » calamiteux, je me suis donc mis en recherche d’un guide.
J’ai recherché un professionnel qui serait capable de me proposer LE véhicule tant désiré. (ne croyez pas que le pigeon n’a pas d’exigences !)
Là encore, on lit ici et là des retours d’expériences tout à fait redoutables et engageantes sur des garages et autres importateurs prompts à te proposer une épave joliment repeinte au choix pour le prix de :
- une berline allemande neuve ?
- une berline suédoise neuve ?
- une berline française neuve ?
- une cabane en bois dans le Larzac ?
- un morceau de Knacki croqué par Johnny en vente aux enchères ?
(Rayez les mentions inutiles, je suis pas sectaire)
A cet instant, je sens que le teaser commence à être trop long et que j’ai déjà perdu la moitié du lectorat initiale. Promis, je vais essayer de faire plus court pour la moitié restante. Tenez bon !
Des pros en qui avoir confiance les yeux fermés, il n’y en a visiblement pas des centaines. Et comme dit le poète Booba : « j’ai trouvé mon gars sûr ! » (béni soit celui qui inventera un vocodeur avec une fonction « mute »)
J’ai quand même mis plus de 3 mois avant de le contacter. J’attendais de voir ce qu’il proposait régulièrement sur Flikr. Comme on dit chez moi, « je l’ai reniflé ».
Je ne sais pas si on a le droit de citer la personne pour ce que certains pourraient imaginer être une publicité déguisée mais franchement, j’ai eu un contact extraordinaire avec cette personne : Roland Lebrun de Roland’s Bus Farm. Je sais que ce n’est pas un inconnu dans le « milieu ».
Première prise de contact par mail où j’expose ma recherche avec une réponse de prise en compte sous 8 jours. (en 2018 ça peut paraître long comme délai mais on oublie parfois la patience et on oublie aussi qu’on parle quand même d’une personne qui travaille dans son garage)
Vu la nature de l’échange, il est clair dans ma tête que c’est lui et personne d’autres. Je suis prêt à patienter, je ne suis plus à 10 ans près…
2 semaines plus tard, un mail de Roland (oui je l’appelle Roland maintenant), un mail dans ma boite !!!
Petit stress mêlé d’angoisse et d’excitation au moment d’ouvrir le message. Là, miracle, il me propose deux billets pour le festival de danse acrobatique wallonne ! Le rêve …
(A cet instant, cher lecteur, tu te dis que j’ai vrillé complet…non rassure-toi, je déconne, c’était juste pour voir si tu suivais)
Donc dans le mail, il m’explique avoir trouvé un bus qui correspondrait en tout point à ma recherche.
Fidèle à mes habitudes (je vous rappelle que j’aime prendre mon temps), donc fidèle à mes habitudes, je demande un délai de réflexion de 24 heures.
Honnêtement, c’était vraiment pour la forme parce qu’à l’issue de son descriptif du bouzin, j’étais…j’étais…
comment dirais-je…
j’étais comme ça :
Je l’appelle le lendemain. Impression et feeling confirmés par téléphone. Les démarches sont lancées, l’achat est enclenché…
Au final qu’est-ce que j’ai acheté ?
On ne peut visiblement plus afficher la M-Plate de son véhicule dans sa signature, du coup je l’insère ici pour ceux que ça intéresse.
Un T2a westfalia blanc de 1970 !!!
Alors je vais décevoir les puristes mais un certain nombre d’organes originaux de ce quinqua à roulettes a été changé par des éléments plus fiables et plus récents : le moteur, le levier de vitesse, le réfrigérateur, etc…
La liste des choses réalisées par les deux anciens propriétaires est encore longue et de toute évidence, il a été merveilleusement bichonné depuis 2008, date de son importation en terre anglaise en provenance de l’état de Washington via un passage par le soleil californien.
Alors d’un point de vue cosmétique et visuel, on est loin d’être sur du « show car » comme on dit. Cependant, j’ai envie de dire qu’il est quand même moins « dans son jus » que son nouveau proprio, malgré que nos 7 ans d’écart.
Tout comme moi, il a quelques cabosses, quelques rayures, une légère patine (peinture d’origine) mais j’avoue que c’est ce qui me plait. Il raconte une histoire, un vécu. Et puis il a une gueule de baroudeur avec ses balafres et ses gros pneus. En réalité, intérieur comme extérieur, il n’a jamais été restauré, juste fiabilisé au niveau électrique et isolation. Tout juste un bout d’aile réparée. ce qui représente déjà pas mal d’heures de boulot si j’en crois le dossier fourni.
Le but pour moi est de le maintenir ainsi. Avec tous ses autocollants, il me plait.
A l’intérieur, les meubles Westfalia sont d’origine, seul l’évier à disparu au détriment d’un double brûleur. Du coup, je n’ai pas d’évier.
Je verrai à l’usage si c’est handicapant quand on peut avoir une bassine pliable et une bonbonne de flotte casée quelque part à la place.
Là encore, je n’envisage pas de grosses transformations hormis le fait que je lui ai déjà adjoint un lit continental dans la rehausse pour loger mes deux garçons. Enfin, j’espère pouvoir les y coller, j’ai pas encore tester.
A défaut, j’ai dans l’idée de bricoler éventuellement un hamac que je fixerais dans le sens de la longueur du bus. Sauf que le concept n’est pas encore abouti, j’arrive pas à visualiser où le fixer. Le hamac de cabine existant s’avère être trop juste pour ma descendance.
Bref, j’ai été le chercher en Belgique ces jours derniers, le temps de faire le chemin retour plus quelques petites séances de roulage par un beau soleil et hop ! 500 km de plus au compteur.
Passés l’appréhension de la nouveauté et l’apprivoisement d’une nouvelle approche de conduite avec un parpaing sans assistance, je pense qu’on peut dire qu’à un moment donné, le sourire arrive et c’est jouissif.
Je me suis juste cassé les dents sur le volant de ma voiture (moderne) ce matin en freinant…
Pardonnez-moi pour les longueurs pour ceux qui ont tenu jusqu’au bout. J’essaierais d’être plus concis à l’avenir.
Les photos à venir sous peu, enfin dès qu’elles auront été transférées depuis mon téléphone sur mon PC.
Bonne journée